lundi 3 janvier 2011

Là où tout commence...

Cher visiteur, bonjour.

Avant toute chose, faisons donc quelque peu connaissance...
Nous ( autrement dit: Marine Petiot, Sophie Downie, Arthur Vital et Lucas Abdelli ) sommes 4 élèves de la 1ère ESA ( du lycée Jay de Beaufort ) et nous avons créer ce blog dans le cadre de notre TPE.
Notre sujet étant " L'intégration des Britanniques en Dordogne " ce site sera donc dédié à l'actualité franco-britannique de notre département et tâchera d'expliquer comment et pourquoi nos voisins anglophones sont venus s'y installer.
Vous retrouverez ici l'intégralité de nos recherches, de nos sorties, de nos interviews, de nos photos... Bref, en réalité, ici, vous retrouverez tout.

Nous vous souhaitons donc une agréable visite.

Quand le passé définit notre présent...

 L'origine historique:
 
  La naissance des relations franco-britanniques est en partie l'oeuvre d'une grande dame de l'histoire: Aliénor d'Aquitaine.

  Fille du Duc d’Aquitaine Guillaume X et petite fille de Guillaume IX le Troubadour , la future reine de France puis d'Angleterre vient au monde en 1122 (ou en 1124*), dans un lieu resté indéfini.
  Aliénor sortit de l’ombre en 1137 à l’occasion de son mariage avec l’héritier du roi de France, le futur Louis VII. Le 1er août 1137, l'actuel roi de France, Louis VI  le Gros, meurt en laissant ainsi son royaume aux jeunes époux.
  Le jeune couple participa à la seconde croisade, où Aliénor perdit peu à peu la confiance du roi suite à ses longs entretiens avec Raymond de Poitiers...
  Leur mariage fut donc dissolu le 21 mars 1152 par un concile réuni à Beaugency. Aliénor regagna alors Poitiers où elle épousa (le 18 mai 1152) Henri Plantagenêt, qui négociait alors la succession au trône d’Angleterre face à son rival Etienne de Blois. La mort d’Etienne le 25 octobre 1154 ayant réglé définitivement la question de la succession, ils furent donc couronnés à Westminster le 19 décembre 1154.En épousant successivement ces deux rois, Aliénor d'Aquitaine renversa ainsi le rapport de force en apportant ses terres à l’un puis à l’autre des deux souverains, expliquant alors la présence britannique sur le sol Aquitain depuis le XIIème sicècle.

  A cela s'ajoute également la Guerre de Cent Ans, de 1337 à 1453, dans laquelle s’affrontent sur le sol français la dynastie des Plantagenêt et celle de la maison capétienne de Vallois lors de nombreux conflits, entrecoupés de trêves plus ou moins longues. De ce fait, ces nombreuses années de guerre ont fini pas rapprocher les deux nations qui se haïrent tant par le passé.


*La date et le lieu de naissance d'Aliénor d'Aquitaine restent aujourd'hui encore un mystère pour les historiens.

Soyez les bienvenus au coeur de la Dordogne anglaise.

Introduction:
  • Au XXème siècle, pour un nombre croissant de Britanniques, le bonheur est en France, dans une Dordogne qui leur rappelle la verte et mythique «Merry England», avec le soleil et le vin frais en prime. A la première vague d’expatriés, plutôt aisés, qui est arrivée à l’orée des années 1970, a succédé une immigration plus populaire, allant du petit retraité à l’ouvrier maçon assuré de ne pas manquer de travail, même s’il parlait à peine le français.
  • D'après les chiffres officiels, des études universitaires et la simple observation de terrain, on peut affirmer qu'il existe en Dordogne une concentration de ressortissants Britanniques sans équivalent dans le reste de la France. Lors du recensement de 1999, on comptait officiellement 7 133 résidents britanniques dans toute l’Aquitaine, dont un peu moins de 3 000 en Dordogne. Mais ces chiffres apparaissent fortement sous-estimés: aujourd’hui, tous les observateurs locaux parlent plutôt de 6 000 sujets de "Sa Gracieuse Majesté" dans le département.

       Suite à ce premier constat, nous allons tenter de répondre aux questions suivantes:

  • Pourquoi les Britanniques ont-ils quitté le Royaume-Uni?
  • Dans quelles mesures ont-ils été intégrés et quelles ont-été les conséquences pour la Dordogne?

I. Les raisons du départ: une critique commune de l'Angleterre.



Introduction:

  •  Au XXème siècle, on compte deux grandes vagues de migration vers la Dordogne. Une première vague dans les années 1970 touchant la partie aisée de la population, principalement des retraités venant chercher le repos et venant bénéficier du faible coût de l'immobilier en France. Une seconde plus tardive, apparut une trentaines d'années plus tard , touchant elle la partie nettement moins privilégiée venant s'exiler en France pour bénéficier des aides fiscales et du système français qu'ils pensaient alors plus favorable et meilleur marché. Mais nous pouvons relativiser. En effet, certaines raisons concernant la fuite de l'Angleterre restent communes aux deux vagues, comme la critique du système politique ou financier anglais.

  • 1) Tout d'abord, la critique principale et commune : La politique du pays.

   

  • 2)  En plus du désaccord avec la politique nationale, s'ajoute la hausse des prix , comme en témoigne Carolyn Chamberlain lors de notre interview au salon Success in the Dordogne* ( annexe ).
"Vous savez, à l'époque, l'immobilier en France était nettement moins cher qu'en Angleterre. Pour la même superficie, nous avons acheté notre maison 50 000€ en France alors que cela nous aurait coûté dans les 250 000€ en Angleterre."
  • 3) Elle nous expliqua également qu'à cela s'ajoutait la baisse conséquente de la valeur de la Livre Sterling. Cinq ans auparavant, 1000€ correspondaient à 1400 Livres Sterling, alors    qu'aujourd'hui la valeur des deux monnaies tend à s'égaliser... 1000 Livre Sterling ne réprésentant maintenant plus que 1070€.

  • 4) En plus de cette critique commune du Royaume-Uni, s'ajoute l'important pouvoir d'attractivité de la France. En effet, de nombreux Britanniques déclarent être venus en France pour les nombreux avantages qu'elle offrait: un climat doux, la romantique campagne, une vie plus calme et sans stress, les beaux paysages, le bon vin et surtout les aides sociales et l'immobilier à bas prix en bonus !

Conclusion:

  • Alors qu'au Royaume-Uni la situation socio-politique ainsi que la crise de la Livre Sterling rendent la vie de nos voisins d'outre Manche assez difficile et annoncent de sombres jours à venir, la France semble alors être une solution évidente pour fuir la décadence du pays. La question qui va maintenant se poser est de savoir comment ces nouveaux arrivants vont intégrer au sein de la société française...

II. L'arrivée en France.

A) L'intégration des Britanniques
  1. Ceux qui s'intègrent d'eux même.
  •    Une fois installée en France une partie des Britanniques cherchent à s'intégrer. L'intégration souvent rapide des enfants grâce à l'école, les loisirs et les amis permet aux parents de s'insérer plus facilement dans la communauté française. Par exemple à l'occasion d'anniversaires et compétitions sportives où ils ont l'opportunité de rencontrer d'autres parents français et donc de créer des liens.
  •    Par ailleurs, les Britanniques plus âgés ou sans enfant s'intègrent de manière différente, manifestement plus difficile car ils n'ont pas de lien direct avec la société française. Pourtant, ils s'efforcent de s'inculquer ce nouveau langage comme lors d'entretiens d'embauche où ils essayent toujours d'intégrer dans leurs phrases des mots de base tels que "merci", "s'il-vous-plaît", "bonjour", "au revoir".
  • De plus , ils s'investissent dans des formations de la langue française afin d'apprendre un langage plus technique et spécialisé dans un milieu tel que le business, l'économie, le commerce, la médecine, plutôt que dans une utilisation plus orale. ( http://www.capital-formations.fr/formations-langues-francais-langue-etrang-re-fle.html )
    
  •   Après le monde du travail, les Britanniques cherchent à s'intégrer dans la société française en copiant ses valeurs et ses normes. Par exemple en modifiant certaines de leurs habitudes comme manger à 19h/20h plutôt qu'à 17h/18h. Ils adoptent même certains rites tel que l'apéritif, une occasion d'inviter de potentiels amis ou voisins (français) et de tisser des liens. On peut donc dire qu'ils se laissent aller plus facilement vers le mode de vie français.


    2. Ceux qui ne s'intègrent pas (volontairement)

  • Nous venons de voir qu'une partie de la population britannique se démène pour participer activement à la vie de la Dordogne, et ce à travers les aides qui leur sont proposées ou bien par la seule volonté d'appartenir à un groupe, de ne pas être les "exclus" de la société. Cependant, il existe une seconde partie de la population qui elle n'arrive pas encore à trouver sa place, ou ne le souhaite tout simplement pas.

Extrait de livre photo de Rip Hopkins.


  • Parmi ces Britanniques qui ne s'intègrent pas, certains se retrouvent grâce à la création de réseaux sociaux fermés, composés uniquement d'anglophones.
  • Il faut savoir que la Dordogne est le département de France recevant le plus de Britanniques et que certaines villes ont une population anglophone très importante. C'est le cas de Ribérac mais surtout d'Eymet, un petit village Périgordin où presque tous les habitants sont originaires du Royaume-Uni. Les commerces y sont tenus par des anglophones et par conséquent, les clients se doivent de parler l'Anglais pour se faire comprendre. Par ailleurs, la plupart des habitants d'Eymet ne parlent pas Français ou seulement très peu (étant donné qu'il n'y en a pas vraiment l'utilité). Ils ne cherchent donc pas particulièrement à s'intégrer dans la société française et tentent au contraire de recréer une "petite Angleterre" avec un climat plus clément et un cadre de vie plus agréable.
  • Il existe également certaines entreprises qui marchandent exclusivement avec des Anglais, restreignant alors le cercle de cette communauté déjà très fermée.
                                                          


  • Certaines familles britanniques se contentent de s'appuyer sur une seule personne qui comprend le Français et qui fait ainsi le lien entre les deux cultures. Cette personne gère alors les relations francophones quand elles sont indispensables pour le travail ou encore pour certaines nécessités comme les problèmes d'électricité ou de téléphonie. Cela permet de préserver la culture traditionnelle au sein du cocon familial, puisque le reste de la famille continue de parler la langue natale.

II. L'arrivée en France

B) L'intégration par les français.

1°/ Ceux qui acceptent la présence des Britanniques.

  • Certaines associations aident les Anglais récemment arrivés en France à s'intégrer  plus facilement . Par exemple, l'association "The Link" aide les anglophones à franchir la barrière de la langue en leur donnant des cours de Français . Elle les initie aussi , au mode de fonctionnement des entreprises françaises , qui est de manière générale beaucoup moins libéral que celui utilisé en Angleterre. Cette association permet aux Anglais de créer une activité indépendante, qui leur permettra de ne pas employer un langage Français très spécifique et ciblé.  Elle fait aussi part d'une aide matérielle et  logistique  pour les installations téléphoniques, électriques, etc. Leur but est alors de lier les deux cultures. Pour cela, ils organisent des séminaires, des conférences, ou des salons. (http://www.thelinkservices.fr/)

    • Un second exemple , "The French Paper" est un journal rédigé à l'intention des Anglais, par des professeurs d'Anglais mais de nationalité française et par des experts. Ce journal est destiné à chaque membre de la famille anglaise. En effet, il est composé de 4 parties: une sur les nouvelles de l'actualité, une seconde partie " Living " qui est plutôt destinée aux femmes (avec plus de couleur et des recettes de cuisine), une troisième partie pour les enfants avec des jeux, des bandes dessinées ainsi qu'une quatrième partie qui est  consacrée à la vie en France, avec des conseils pratiques. Ce journal a donc été crée afin de casser la vision parfois trop négative de la France que donne la presse anglaise et pour faciliter la vie des Anglais en France . Le résultat a été immédiat , puisqu'en un an il comptait déjà plus de 5000 abonnés qui pour la plupart se situent dans le Sud - Ouest. 


    • Parmi les autres journaux participant à l'intégration des Anglais "The Advertiser" a lui aussi tendance à faire changer une vision parfois trop négative de la France et d'aider les Anglais à s'intégrer plus facilement .






     2°/ Ceux qui ne les acceptent pas
    • Certains Français ne voient pas "l'invasion des Anglais" d'un très bon œil. En effet pour eux les Britanniques viennent en France à cause des aides financières, des prix de l'immobilier relativement bas (par rapport au Royaume-Uni) et pour goûter à la "good life" française. De plus, ces Français les accusent de ne faire aucuns efforts pour parler le Français ou pour s'intégrer dans la société. Par exemple, en restant dans des quartiers ou des villes où la majeure partie de la population est anglophone, comme à Eymet, ou encore en ne marchandant qu'avec des entreprises tenues par des Britanniques. Un de leurs arguments est que cette "invasion" fait monter le prix des terrains immobiliers.
    • Cette discrimination est parfois perceptible dès le plus jeune âge comme a pu en témoigner Emily James qui est arrivée en France à l'âge de 13ans, un âge plutôt difficile. Ses camarades de classe se sont parfois montrés agressifs et moqueurs à son encontre et ne l'ont pas vraiment aidée à s'intégrer. De plus, Emily ne parlait pas du tout le Français et, il faut le dire, l'idée de venir vivre en France ne l'enchantait pas vraiment. Elle n'était pas prête à quitter ses amis, son école, ses habitudes. C'est sûrement pour cela qu'elle n'était pas motivée et prête à faire d'efforts pour s'intégrer et tisser des liens avec ses camarades francophones, la langue étant alors une barrière conséquente. A cause de cela, Emily a dû endurer les moqueries et les mauvais traitements qu'ont pu lui infliger les autres élèves. Emily a d'ailleurs déclaré d'elle-même: "C'était horrible !".

    • Enfin, une dernière forme (mais cette fois radicale, raciste et excessive) montre le rejet total des anglophones par certains Périgordins:
    "C'était un secret de polichinelle, mais non seulement les anglais rachètent toutes nos maisons en Dordogne, ils ont les soins gratuits (C.M.U), mais en plus certains touchent le R.M.I !!!
    Quel scandale, alors que des français n'ont rien comme revenu et eux non seulement ils gardent leur nationalité, mais en plus ils ne font aucuns efforts pour parler le français (nous devons faire l'effort de les comprendre), ils sont radins comme pas possible, ils ne font pas d'effort pour faire vivre l'économie de la Dordogne et font grimper les prix de l'immobilier car ils font de la spéculation à outrance !!!
    Doc je me demande où est Jeanne d'Arc pour bouter à nouveau les Anglais hors de la Dordogne !!!
    Dès que j'en vois un, je m'amuse à me moquer de leur défaite au rugby face à nos joueurs !!!!
    Et quand je pense que moi je suis malade depuis 20ans, atteint d'une maladie neurologique et que je ne suis même pas pris à 100% et qu'eux les British ont droit à tout, je dis NON, DEHORS !!!"




    III. Entre mélange des cultures et codes traditionnels préservés.

      A) La naissance d'une culture syncrétique.

     
    Au cours des années, l'arrivée massive de Britanniques en Dordogne a profondément modifié les habitudes typiquement françaises. On observe alors la formation d'une culture syncrétique. En effet, il n'est plus étonnant de trouver dans les lieux publics des indications en français mais également en anglais (parfois même uniquement en anglais!)
      

      Vols proposés par l'aéroport de Bergarac.
      
    •   Tout d'abord, l'une des raisons principales de cette migration vers la France est l'implantation de l'aéroport de Bergerac. Sur les 12 destinations qu'il propose, pas moins de 10 d'entre elles communiquent avec le Royaume-Uni. D'après les données de l'aéroport, 98% des voyageurs hivernaux sont britanniques et 60% le sont en été. C'est pourquoi toutes les annonces sont  faites dans les deux langues. De plus, on a observé auprès de la famille Fenech-Soler (dont le père est pilote de ligne), qu'il est plus rapide de faire un vol "France/Angleterre" qu'un vol liant deux villes du Royaume-Uni.                                                                         
    •                                                                    ...
    • La présence des anglais se manifeste dans nos établissements bancaires. Par exemple, en 2008, le crédit agricole a inauguré le système de la banque bilingue. C'est-à-dire que tous les services bancaires sont proposés en anglais pour permettre aux arrivants anglophones de comprendre plus facilement le système français différent en tous points du système bancaire anglais. En Dordogne, on compte sept conseillers et déjà plus de 15000 clients anglophones.

    •    La création et la multiplication de journaux publiés en anglais mais rédigés en Dordogne. C'est le cas du French Paper, de The Advertiser, The Connexion... Lors de notre rencontre avec le rédacteur du French Paper, ce dernier nous a expliqué que la presse anglaise avait pour habitude de donner une mauvaise image de la France. Le French Paper a donc été créé dans le but de montrer également les bons côtés de la vie à la française et de casser cette dynamique de critique négative. D'après les chiffres du journal, le nombre de tirages s'élève à 40000 par mois et le nombre d'abonnés aurait déjà dépassé les 5000 en moins d'un an (la plupart habitant dans le Sud-Ouest de la France).


    • Ce phénomène "d'anglophonisation" se retrouve également dans le domaine de l'enseignement Périgordin. En effet, lors de notre passage au salon Success in the Dordogne, nous avons pu rencontrer des étudiants de l'école supérieure internationale de management en hôtellerie, tourisme et restauration de Savignac. Même située au coeur de la Dordogne, cette école donnent l'intégralité des cours en Anglais. "Certains professeurs ne parlent même pas Français", nous avoue une étudiante. Le but est alors de perfectionner les élèves dans la langue de Shakespeare pour les envoyer en Angleterre pour faire leur seconde année de formation.